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II. Réflexion et réfraction en milieux isotropes (1)

Vecteur E parallèle au plan d'incidence. Coefficients d'amplitude (réflexion et transmission). Coefficients d'énergie et conservation de l'énergie. Vecteur E perpendiculaire au plan d'incidence. Variation du pouvoir réflecteur avec l'incidence.

1. Rappel

On rappelle que, au passage à l’interface de deux milieux [1] et [2], il y a continuité des composantes :

– Tangentielles des champs : E1T=E2T;H1T=H2T

– Normales des inductions : D1N=D2N;B1N=B2N

2. Vecteur E parallèle au plan d’incidence

Réflexion-réfraction de l’onde, vecteur E parallèle au plan d’incidence

Réflexion-réfraction de l’onde, vecteur E parallèle au plan d’incidence
Le trièdre [E, H, k] est direct et après réflexion les vecteurs E et H changent de sens.

Nous prenons le plan xOy comme plan d’incidence.

Le champ électrique peut s’écrire sous la forme : E=E0 exp(j ω t) exp(j kr)

L’expression analytique des amplitudes des champs incident, direct et transmis s’écrivent :

E1=E01 exp{j 2 πλ1 (α1 x+γ1 z)}E1=E01 exp{j 2 πλ1 (α1 x+β1+γ1 z)}E2=E02 exp{j 2 πλ2 (α2 x+β2+γ2z)}

À l’interface (z=0), les conditions de continuité permettent d’écrire : β2=β1=0etα2λ2=α1λ1=α1λ2

La première relation montre que les trois plans d’incidence, de réflexion et de réfraction sont confondus.

La relation  α1=α1  sin(i1)=sin(i1)  montre que  i1=i1.

On sait par ailleurs que λ est inversement proportionnelle à n. On a donc : α2λ2=α1λ1n1 sin(i1)=n2 sin(i2)

On retrouve en définitive les lois de Descartes : {i1=i1n1 sini1=n2 sini2

2.1. Coefficients d’amplitude

Nous exprimons la continuité des composantes tangentielles de E et de H à la surface de séparation des milieux [1]et [2] :

H1H1=H2(1)E1 cosi1+E1 cosi1=E2 cosi2(2)

Nous savons par ailleurs que : H=εμ Eetn1=ε1ε0;n2=ε2ε0

D’autre part, les milieux ne sont pas magnétiques, c’est-à-dire que : μ1=μ2=μ0

La relation (1) devient : ε1 (E1E1)=ε2 E2(1)

2.1.1. Coefficient de réflexion

Éliminons E2 entre les relations (1) et (1’) : n1 (E1E1)=n2 cosi1cosi2 (E1+E1)

Or, d’après la loi de Descartes : n1n2=sini2sini1

On a donc :

sini2 cosi2 (E1E1)=sini1 cosi1 (E1+E1)E1 (sin2 i1+sin2 i2)=E1 (sin2i2sin2 i1)

Soit : E1 {sin(i1+i2) cos(i1i2)}=E1 {sin(i1i2) cos(i1+i2)}

D’où l’expression du coefficient de réflexion : r=E1E1=tan(i2i1)tan(i1+i2)

2.1.2. Coefficient de transmission

Éliminons E1 entre les équations (1’) et (2) :

n1 E1n2 E2=n1E1E1 cosi1E2 cosi2=E1 cosi1

Tous calculs faits, on obtient : 4 E1=E2 sin2 i2+sin2 i1sini2 cosi1=2 E2 sin(i1+i2) cos(i1+i2)sini2 cosi1

D’où l’expression du coefficient de transmission : t=E2E1=2 sini2 cosi1sin(i1+i2) cos(i2i1)

2.2. Coefficients d’énergie

2.2.1. Coefficient de réflexion

Le coefficient de réflexion en énergie R est égal au rapport entre la densité d’énergie contenue dans l’onde incidente à celle contenue dans l’onde réfléchie : R=ε1 E1 E1ε1 E1 E1=(E1E1) (E1E1)=r r

On a donc : R=r r(rC)etR=r2(rR)

2.2.2. Coefficient de transmission

Le coefficient de transmission en énergie est désigné par T. On sait que la vitesse de propagation est v=1/ε μ.

Les densités d’énergie dans les milieux [1] et [2] sont respectivement : ε1 E1 E2;ε2 E2 E2

Les flux d’énergie incident et transmis sont respectivement :

(ε1 E1 E1) 1ε1 μ1 (S cosi1)(ε2 E2 E2) 1ε2 μ2 (S cosi2)

Faisant le rapport des deux flux : T=(E2E1) (E2E1) cosi2cosi1 ε2ε1

Or on sait que : ε2ε1=n2n1=sini1sini2

On a donc : T=t t tani1tani2(tC)etT=t2(tR)

Par ailleurs, compte tenu de la relation liant E et H : T=E2 H2 cosi2E1 H1 cosi1

2.3. Conservation de l’énergie

Nous avions écrit que :

H1H1=H2(1)E1 cosi1+E1 cosi1=E2 cosi2(2)

En passant aux parties conjuguées : H1H1=H2(1)

En effectuant la multiplication membre à membre (1) par (2) : E1 H1 cosi1E1 H1 cosi1+(E1 H1E1 H1) cosi1=E2 H2 cosi2

Au facteur près S/μ que l’on peut introduire dans les deux membres de cette relation, le premier terme représente le flux incident, le deuxième le flux réfléchi et le quatrième le flux transmis.

D’après le principe de conservation de l’énergie, on doit avoir : E1 H1E1 H1

3. Vecteur E perpendiculaire au plan d’incidence

Réflexion-réfraction de l’onde, vecteur E perpendiculaire au plan d’incidence

Réflexion-réfraction de l’onde, vecteur E perpendiculaire au plan d’incidence
Les continuités des composantes tangentielles des champs se traduisent par les relations :

E1+E1=E2H1 cosi1H1 cosi1=H2 cosi2

Tenant compte des relations :

μ1=μ2=μ0n1n2=ε1ε2;H=εμ

On est amené à écrire, comme précédemment :

E1+E1=E2n1 (E1E1)cosi1=n2 E2 cosi2=n2 (E1+E1) cosi2

On en tire : E1E1=n1 cosi1n2 cosi2n1 cosi1+n2 cosi2

Or : n1n2=sini2sini1

Donc : E1E1=sini2 cosi1sini1 cosi2sini2 cosi1+sini1 cosi2

Le coefficient de réflexion en amplitude est donc : r=sin(i2i1)sin(i2+i1)

Reprenons le système :

E1+E1=E2n1 (E1E1) cosi1=n2 E2 cosi2=n2 (E1+E1) cosi2

Puis, tous calculs faits, comme précédemment : t=2 sini2 cosi1sin(i1+i2)

Remarque

Tout ce qui a été dit dans le paragraphe précédent en ce qui concerne l’énergie se retrouve ici intégralement. En particulier pour les coefficients : R=r r;T=t t tani1tani2

Le principe de conservation de l’énergie conduit aussi à : E1 H1E1 H1=0

Ce principe permet d’écrire dans tous les cas : R+T=1

4. Cas particulier : incidence normale

En incidence normale, il n’y a plus lieu de faire la distinction entre E et E. Rien ne permet de distinguer les deux cas.

On pose i1=i2=0 avant d’appliquer les formules de Descartes de façon à lever l’indétermination. On obtient alors (formules de Fresnel) : r=nin2n1+n2;t=2 n1n1+n2

5. Variation du pouvoir réflecteur avec l’incidence

5.1. Incidence brewstérienne

Reprenons l’expression : r=E1E1=tan(i2i1)tan(i2+i1)

On voit que : r=0i1+i2=π2

Le rayon réfléchi et le rayon réfracté sont alors perpendiculaires. L’angle i1=iB pour lequel cela se produit est dit incidence brewstérienne : n1 sini1=n2 sini2=n2 sin(π2i1)=n2 cosi1

L’incidence brewstérienne est alors définie par : taniB=n2n1

5.2. Réflexion vers un milieu plus réfringent

Pouvoir réflecteur. Variation des coefficients de réflexion en fonction de l’incidence (air-verre)

Pouvoir réflecteur. Variation des coefficients de réflexion en fonction de l’incidence (air-verre)
Dans le cas de réflexion vers un milieu moins réfringent, comme le dioptre air – verre :

r=tan(i2i1)tan(i2+i1);R=r2r=sin(i2i1)sin(i2+i1);R=r2

D’où les courbes ci-contre dans lesquelles l’ordonnée non mentionnée pour r et r a pour valeur : n1n2n1+n2

On a toujours i1>i2.

À l’incidence brewstérienne : i1+i2=π2

On a :

i1<iB;i1+i2<π2;tan(i1+i2)>0;tan(i2i1)<0i1>iB;i1+i2>π2;tan(i1+i2)>0;tan(i2i1)<0

Remarquer que : i1=π2tan(i2±π2)=coti2

Par suite : r=1.

On peut facilement tracer la courbe r et en déduire R=r2. On effectue le même raisonnement pour r et en déduire R.

5.3. Déphasage à la réflexion

On peut écrire : r=tan(i2i1)tan(i2+i1)=ρ.ejφ

Déphasage à la réflexion (coef­fi­cients de réflexion parallèle et perpendiculaire), \(i_B\) est l’angle d’incidence brewstérienne

Déphasage à la réflexion (coef­fi­cients de réflexion parallèle et perpendiculaire), iB est l’angle d’incidence brewstérienne
L’examen de la courbe montre que :

0<i1<iBr<0r=ρ.ejπiB<i1<π2r>0r=rho

D’où la courbe du déphasage φ(i1).

On peut également écrire : r=sin(i2i1)sin(i2+i1)=ρ.ejφ

On voit que (courbe) : 0<i1<π2r<0r=ρ.ejπ

5.4. Réflexion vers un milieu moins réfringent

Dans le cas de réflexion vers un milieu moins réfringent, comme le dioptre verre - air, le problème est le complémentaire du précédent, mais cependant bien plus complexe en raison du phénomène de réflexion totale.

5.4.1. Réflexion totale. Ondes évanescentes

On sait que l’angle limite l est obtenu par la relation  sinl=n2n1 et qu’il y a réflexion totale lorsque  i1>l.

Par ailleurs : sini2=n1n2 sini1=1n sini1(n<1)

On voit alors que : sini1n>lsi:  i1>li2J

On aura alors : cosi2=1sin2i1n2=±j sin2i1n21(on posera : cosi2=±j m)

Recherche de la réflexion totale

Recherche de la réflexion totale
On considère l’onde passant dans le milieu [2] : E2=E02 exp(j kr)

Avec les notations suivantes :

r={x, y, z}k={2 πλ sini2, 0, 2 πλ cosi2}kr=x 2 πλ sini2±z 2 πλ j m

On a donc : E2=E02 exp(±2 πλ m z) exp(j 2 πλ x sini2)

Variation de l’amplitude avec décroissance exponentielle en s’éloignant de la surface de séparation (onde évanescente)

Variation de l’amplitude avec décroissance exponentielle en s’éloignant de la surface de séparation (onde évanescente)
Pour l’amplitude qui contient le terme de phase 2 πλ m z, il doit y avoir logiquement décroissance exponentielle quand on s’éloigne de la surface de séparation.

Il faut prendre le signe [–], c’est-à-dire que : cosi2=j m

C’est ce que l’on appelle une onde évanescente. Cette onde transmise a un sens et il est nécessaire de la considérer pour assurer la continuité de E et H.

On ne peut pas concevoir que le champ électrique devienne brutalement nul après avoir atteint la surface de séparation. Pour z assez grand, il y a réellement réflexion totale, l’onde tendant à disparaître, sinon il y a réflexion totale frustrée.

Technique d’acco­le­ment des prismes à réflexion totale

Technique d’acco­le­ment des prismes à réflexion totale
Cette onde peut être mise en évidence par l’expérience suivante. On rapproche l’un de l’autre deux prismes à réflexion totale de façon à donner à la lame d’air qui les sépare une épaisseur de l’ordre de λ.

Au contact du prisme (1), l’onde évanescente provenant du prisme (1) a une amplitude non négligeable.

5.4.2. Étude des coefficients de réflexion

On sait que :

r=tan(i2i1)tan(i2+i1);R=r2r=sin(i2i1)sin(i2+i1);R=r2

Dans le cas présent : i2>i1i2i1>0

Nous avons donc les cas suivants : {0<i1<iB;i1+i2<π2;tan(i1+i2)>0r>0;r=ρ {iB<i1<l;i1+i2>π2;tan(i1+i2)<0r<0;r=ρ ej π

Or, on a : i2>i1;i1+i2<π;r>0

Étude des deux coefficients à la réflexion totale

Étude des deux coefficients à la réflexion totale
Étudions à présent ces deux coefficients à la réflexion totale : r=sini2 cosi1sini1 cosi2sini2 cosi1+sini1 cosi2=sini2 cosi1+j m sini1sini2 cosi1j m sini1

Numérateur et dénominateur étant imaginaires conjugués r=1, d’où la valeur r=1 pour i1=l sur la courbe : r=sini2 cosi2sini1 cosi1sini2 cosi2+sini1 cosi1=j m sini2+sini1 cosi1j m sini2+sini1 cosi1

En faisant la même remarque que précédemment, on a : |r|=1

mais sur la courbe, on aura : r1=1pour  i1=l

Les courbes R se déduisent facilement des courbes r et r.

5.4.3. Étude des déphasages

Étude des déphasages

Étude des déphasages
Pour savoir ce qui se passe au-delà de l, on reprend l’expression : r=j m sini2+sini1 cosi1j m sini2+sini1 cosi1=ej π ej φ

Ou encore : tan(φ2+π2)=m sini2sini1 cosi1

On voit que : i1=π2tan(φ2+π2)=φ=0

Pour savoir ce qui se passe au-delà de l, on reprend l’expression : r=sini2 cosi1+j m sini1sini2 cosi1j m sini1=ej φ;tanφ2=m sini1sini2 cosi1

Ainsi : i1=π2  ;  tanφ2=φ2=±π2  ;  φ=±π

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