L’étudiant en électronique des années 1960-65 s’est trouvé obligé entre l’étude du tube électronique à vide (la diode, la triode ses cousins) et celle de la diode PN et du transistor PNP ou NPN (pour faire la même chose) avec l’arrivée des semi-conducteurs. Je repense encore à notre épreuve du certificat d’électronique à la faculté des sciences de Dijon : un problème sur la triode amplificatrice, donc à l’ancienne, et un problème sur le montage Darlington avec deux transistors bipolaires. À notation égale.
Cette époque : tout basculait, avec la recherche tout azimut dans le semi-conducteur, le développement industriel à grande échelle, pour la gloire de la miniaturisation. Dans les années 1950, aux États-Unis, le chiffre d’affaire des semi-conducteurs était alors négligeable devant celui réalisé avec l’ensemble des composants à tubes. Les deux chiffres allaient vite devenir comparables en une décennie à peine, l’un décroissant aussi vite que l’autre grimpait. Tout ce qui était nouveau en électronique classique se faisait désormais en semi-conducteur. Quant au chiffre d’affaire relatif aux tubes électroniques, une bonne part allait revenir à la maintenance des matériels anciens.
Les semi-conducteurs ont supplanté les tubes électriques..., mais pas complètement. Ces survivants technologiques résistent, dans des conditions particulières. Ils font très bien leur travail et on rencontre même des nostalgiques, ce à quoi je ne trouve rien à redire.
Pour qui, encore en vie, a été formé au tube électronique et qui pour qui aime bien cette partie un peu particulière de la physique, il se produit un intellectuel petit frisson en croisant dans la rue celui ou celle, tout âge confondu, qui utilise son mobile (même bas de gamme) ou mieux son smart-phone avec ces petites caresses agacées de l’index sur le mini écran. Car il faut faire de plus en plus vite avec une chose de plus en plus petite. Même en empruntant le passage piéton, une partie de l’œil vers l’écran et l’autre vers la route, alors que le signal de traversée est encore au rouge.
Donc l’électronique est devenue le semi-conducteur, un zeste de transistor bipolaire faisant office d’ancien, un brin tube au parfum de préhistoire, et tout pour le FET et ses amis, toujours pour intégrer un peu plus et pour miniaturiser encore plus. Le monde évoluant, il y a beaucoup mieux, mais au-delà du contexte de cet exposé.
Tout ceci dans le cadre de notre société dite de l’information et de la communication, à moins qu’un jour terrible ne vienne où il nous faudrait réapprendre à faire du feu avec deux silex ou deux bouts de bois frottés, générer du courant électrique en empruntant, les premiers temps, l’eau d’un torrent, ou, à tour de rôle le pédalier d’un vieux vélo sauvé des eaux.