Dans nos jeunes années 1950, il nous plaisait parfois de faire jeu de certains phénomènes physiques sans en connaître nécessairement la teneur scientifique, mais du seul fait de l'insolite voire du spectaculaire. Et puisqu'il est ici question d'ondes électromagnétiques, en voici un exemple historique.
Chacun sait combien le soleil maghrébin de Mostaganem est intense. On se porte bien mieux en été avec des lunettes de soleil. Que faire lorsqu'on portait déjà des lunettes pour la vue ?
À cette époque donc, on a vu apparaître ces choses que l'on appelait polaroïds. Le malheureux, qu'il fût myope ou hypermétrope, trouvait chez l'opticien d'étranges binocles, apparemment en plastique sombre, qu'il suffisait d'adapter aux montures classiques en temps utile.
Le grand amusement dans la cour du lycée avec les derniers jours de printemps : pointer le regard en direction du soleil en croisant deux de ces objets mystérieux, atténuer ainsi l'intensité de la lumière par rotation jusqu'à extinction quand les deux binocles étaient strictement perpendiculaires. J'aurais pu dire orthogonaux, ce qui eût fait mieux.
Que savions-nous à l'époque du rapport entre le rayon lumineux et l'onde électromagnétique, vue par nous comme le support de la radiocommunication, depuis l'expérience de Hertz ? Soit dit au passage, c'est à cette époque qu'apparut, dans le commerce, le poste à transistors qui supplanta le poste à galène.
Ces souvenirs d'optique amusement me sont revenus à l'esprit, quelque quinze ou dix années plus tard, lorsque je découvrais à l'université, et grâce à Maxwell, un nouvel aspect de la nature de lumière dans mon certificat d'optique, la polarisation comme le fait d'une association de vecteurs. J'avais enfin compris que notre rotation de binocles engendrait alors une rotation de vecteurs, naturellement invisibles dans le matériau. Ceci explique cela.