« Une intelligence qui, pour un instant donné, connaîtrait toutes les forces dont la matière est animée et la situation respective des êtres qui la composent, si d'ailleurs elle était assez vaste pour soumettre ces données à l'analyse, enchaînerait dans la même formule les mouvements des plus grands corps de l'univers et ceux du plus léger atome : rien ne serait incertain pour elle, et l'avenir comme le passé seraient présents à ses yeux. »
Pierre Simon de Laplace (1749-1827)
L'origine du mot hasard remonterait au XIIe siècle. De l'arabe az-zahr ou dés à jouer, transmis par l'Espagne (occupée pendant sept siècles par les arabes) qui en a fait le mot azar, du moins pour des expressions de jeux.
Puis le calcul des probabilités proprement dit au XVIIe siècle. Un mot initialement utilisé pour désigner la présence ou non d'un fait attendu. Pascal et le chevalier de Méré sont certainement les premiers à avoir introduit le quantitatif dans ces études et à les mathématiser.
Après trois siècles et demi d'existence, le calcul des probabilités s'imposera comme l'une des branches les plus récentes des mathématiques. Ceci, grâce aux travaux de nombreux mathématiciens comme Pierre Simon Laplace, Denis Poisson, Carl Friedrich Gauss, Henri Poincaré, Paul Levy, Andrei Kolmogorov et Alexandre Khintchine. Ce calcul est maintenant présent dans presque toutes les branches de l'activité scientifique. Les mentalités déterministes ont changé, le certain étant l'aléatoire dont la réalisation a une probabilité de réalisation égale à 1.
« La qualité particulière des probabilités de concerner des sujets aussi prosaïques que les jeux de hasard ne s'est jamais démentie depuis trois siècles. Mais en outre, la science probabiliste fait appel aujourd'hui à une mathématique assez vaste, depuis l'art de prendre des décisions, jusqu'à présider au mouvement des électrons, atomes et molécules. Le calcul des probabilités est devenu puissant au point de gouverner, sous une même loi, physique, chimie, mécanique, biologie et jusqu'à la sociologie. Elle le signifie effectivement : le monde du XX° siècle est probabiliste. »
Extrait de Jean-Louis Rigal, La science contemporaine (Larousse, 1965, Tome 2)